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Révolution industrielle ou industrialisation

Introduction

 

Depuis Karl Marx, Arnold Toynbee et Paul Mantoux, la révolution industrielle a suscité de multiples études sans que, pour autant, un consensus se soit établi au sein de la communauté des historiens. Le débat porte d’abord sur l’existence d’une révolution industrielle et sur sa datation. Une majorité s’accorde sur l’idée d’une rupture fondamentale entre 1760 et 1870. A partir de l’exemple de l’Angleterre, les auteurs ne cessent d’accroître la liste des préalables de la révolution industrielle.

 

Pour Patrick Verley (Verley, La Révolution industrielle, 1997), la révolution industrielle consiste en un phénomène complexe, caractérisé par l’interdépendance de tous les facteurs explicatifs. Parce que la modification de l’un quelconque de ces facteurs déclenche de façon automatique une chaîne de transformations, il n’existe pas de relation univoque entre chaque facteur et l’industrialisation. La révolution industrielle consistant dans le passage d’un système de fonctionnement à un autre, elle peut s’expliquer par la mise en instabilité du premier système, à travers des mécanismes de bifurcations. De la recherche des causes, l’historien se trouve ramené à un projet plus modeste : la description du changement.

 

L’élément perturbateur se trouve probablement dans la croissance des marchés intérieurs et extérieurs. Par suite, la multiplicité des expériences nationales n’apparaît pas incompatible avec l’idée d’une unité du processus d’industrialisation. A cet égard, le modèle britannique constituerait sans doute une exception, parce que le premier. En revanche, il est probable qu’aucun pays, même la Grande Bretagne, ne s’est uniformément industrialisé d’où la nécessité d’une approche régionale prônées par François Crouzet ou Sydney Pollard. Elle met en évidence l’existence d’ensemble parfois transnationaux (les bassins houillers) et des phénomènes de désindustrialisation.

 

 

Qu’est-ce que la revolution industrielle ?

 

Le terme de révolution industrielle fait débat.

 

Révolution industrielle ou industrialisation

 

Les historiens ne s’accordent pas tous son l’existence d’une révolution industrielle. Certains préfèrent parler d’industrialisation. Centré sur quelques secteurs peu nombreux, sur quelques phases de la production, l’industrialisation apparaît comme un phénomène régional se diffusant à partir de quelques pôles de développement. Cependant le processus d’industrialisation ne permet pas de prendre en compte les phénomènes de discontinuité. A l’inverse, le terme de révolution industrielle traduit une rupture qualitative dans les modes de production, la technologie les institutions et même les comportements économiques quotidiens des agents. Toutefois, certains historiens, s’ils acceptent le concept de révolution industrielle, la situent tantôt au Moyen-Age, avec la révolution du moulin à eau (John Gimpel) ou vers 1880-1890, à l’époque de l’alliance de la science et de la technologie, de la consommation de masse et du travail à la chaîne, de l’introduction de formes de production hautement capitalistiques et de la révolution managériale (Douglas North, Alfred Chandler).



 

Cette analyse est aujourd’hui battue en brèche : le dialogue et le rapprochement entre science et technique s’amorce au XVIIIe siècle (François Caron), le principe de l’interchangeabilité des pièces naît aux Etats-Unis dès le début du XIXe (Nathan Rosenberg ) et les premiers managers apparaissent dès cette époque également (Sydney Pollard). L’idée d’une révolution industrielle entre 1760 et 1870 s’impose comme la plus vraisemblable, à condition d’admettre que « la société industrielle ne s’est pas construite contre la société moderne, mais a été enfantée par elle »[1]. Parce que la proto-industrialisation a constitué un préalable à l’industrialisation, la révolution industrielle ne voit pas la naissance de l’industrie, mais seulement celle de l’industrie moderne (John Hicks).

 

Les transformations induites par la révolution industrielles ont suscité très tôt la réflexion des économistes classiques : Adam Smith voit dans le machinisme la possibilité d’une division du travail accrue, David Ricardo analyse le changement technologique comme une réponse nécessaire à la hausse des salaires et au rendement d’échelles décroissant du capital, Karl Marx interprète la révolution industrielle comme le passage à un capitalisme industriel fondé sur l’appropriation par le capitaliste du produit de la force de travail des travailleurs (plus-value), la substitution du capital au travail, la nécessaire concentration du capital et la montée du chômage technologique. Face à ces approches longtemps dominantes, une nouvelle réflexion s’est engagée, après la seconde guerre mondiale, autour du problème du sous-développement : les analyses des économistes (Walt W. Rostow, Paul Bairoch) ou des sociologues (Raymond Aron) ont constitué un défi pour les historiens, notamment pour Gerschenkron, avec sa fructueuse distinction entre pays pionnier (Grande Bretagne) et suiveurs (France, Allemagne, Italie, Russie), et David S. Landes, autour du concept d’ « état de masse critique », repris par François Crouzet.

 


Date: 2015-12-11; view: 796


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