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Une puissance économique à son apogée

Introduction

 

Durant les premières années du XXe siècle, ou « ère édouardienne », du nom du successeur de Victoria, Edouard VII (1901-1910), le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande bénéficie d’une puissance et d’une richesse inégalée. A la tête de la première flotte du monde, la Grande-Bretagne s’est assurée outre-mer le contrôle du « plus grand empire terrestre depuis les Romains », couvrant près du quart de la surface totale des terres émergées. Maîtresse du système monétaire et financier mondial, elle s’ouvre à la réforme sociale sous l’impulsion des libéraux radicaux : Campbell Bannerman, Premier ministre de 1906 à 1908, puis Asquith, l’influence la plus forte étant exercé par Lloyd George et Winston Churchill. Ils accentuent l’effort de guerre, réduisent la place des lords, s’engagent dans la voie du Home Rule en Irlande, mais se heurtent aux revendications électorales (suffragettes) et ouvrières (grève de 1911, 1912 et 1913), tandis que reprend l’agitation irlandaise. Puissante, l’Angleterre apparaît aussi affaiblie par ses difficultés intérieures, que l’Allemagne exagère sans doute, au point de penser qu’en cas de conflit la Grande-Bretagne ne s’engagera pas dans la guerre. Celle-ci suspend fâcheusement la marche à l’autonomie de l’Irlande.

Un leadership économique fragile

 

Puissance économique à son apogée, la Grande-Bretagne connaît une croissance incertaine (J.P. Dormois, 1994). L’insuffisant dynamisme de son industrie cache cependant l’affirmation d’une économie de services dominant financièrement le monde. Les milieux d’ affaires restent donc puissants d’abord dans la banque et la finance d’une part, l’industrie lourde de l’autre : sa diversité ne doit cependant pas masquer le poids encore très fort de l’aristocratie.

 

Une puissance économique à son apogée

 

Selon Angus Maddison, l’Angleterre a commencé riche son processus d’industrialisation : son PNB per capita a été multiplié par quatre entre 1700 et 1913, par 2,9 de 1820 à 1913. En 1913, son PNB la place en tête des pays européens, mais derrière les Etats-Unis. Sa richesse, la Grande-Bretagne la tire de ses ressources énergétiques : toujours en 1913, elle se situe au second rang mondial pour la production de charbon, avec 292 millions de tonnes produites par ans, derrière les Etats-Unis. Plus que l’industrie lourde c’est l’industrie des bien de consommation courants qui fait sa force : textile et habillement, brasserie, tabac. Nonobstant la compétition internationale et la montée du protectionnisme, à la veille du premier conflit mondial, la Grande-Bretagne demeure la première économie d’exportation du monde et, aussi, celle qui exporte le plus de produits manufacturés.



 

Pourtant sa balance commerciale est chroniquement déficitaire :

 

Tableau 1 – Evolution de la balance des paiements du Royaume-Uni.

Moyenne des années (en million de livres)

 

  1896-1900 1911-1913
Balance commerciale - 161 - 134
Revenus nets des services + 101 + 158
Revenus nets des investissements extérieurs + 100 + 188
Balance des paiements courants + 40 + 207

Source : F. Crouzet, 1978, p. 324, d’après P. Mathias (1983) et Deane et Cole (1962).

 

Rien d’étonnant : « les économies riches ou en expansion consomment plus qu’elle ne livrent » (J.P. Dormois, 1994, p. 14). En échange d’importations de matières premières, de denrées alimentaires ou de biens manufacturés, elles fournissent des services à forte valeur ajoutée. En 1913, la part du revenu national fournie par les service dépasse, de façon grandissante, celle du secteur industriel (45 à 57% selon les estimations). Trois domaines assurent au Royaume-Uni un avance remarquable : la distribution, les services financiers et les transports-communications. Cette prépondérance se lit dans la balance des paiements. Alors que la balance commerciale est déficitaire, la balance des paiements courants dégage un excédent qui équivaut au produit conjugué de l’industrie textile, de la construction mécanique et de l’imprimerie.

 

En 1913, le Royaume-Uni a été dépassé par les Etats-Unis, d’abord en chiffre de population (en 1901, l’on compte 77,5 millions d’Américains contre 41,5 millions de britanniques), puis en termes de PNB dans les années 1870. Mais, en terme de PNB par habitant, l’écart relatif avec les Etats-Unis reste faible, alors qu’il se creuse avec les autres Etats du continent européen :

 

Tableau 2 – Le PNB par habitant des Etats-Unis, du Royaume-Uni et des pays d’Europe occidentale (en dollars de 1985[1])

 

Etats-Unis
Royaume-Uni
Danemark
Pays-Bas
Suisse
Belgique
France
Allemagne
Suède
Italie

Source : Maddison, 1991.

 

L’un des atouts du Royaume-Uni réside dans un taux de participation (population réellement au travail/population totale) très élevé. Il reste peu de poches de sous-emploi, compte tenu d’un taux de salarisation supérieur à celui des autres pays.

 

Il est probable également que la Grande-Bretagne se caractérise, à la veille de la Première guerre mondiale, par des conditions de vie supérieures à celles des autres nations. Même s’il n’est pas possible de calculer, pour 1913, un indice de développement humain[2], il est clair que les Britanniques vivent plus longtemps que la plupart des Européens ou Américains et ne son dépassés que par les Suisses et les Scandinaves :

 

Tableau 3 – L’espérance de vie en Europe vers 1900 (en années)

 

Norvège 56,3 Italie 47,3
Suède 55,7 Belgique 47,1
Danemark 54,6 France 47,0
Suisse 50,8 Allemagne 46,6
Italie 50,5 Italie 44,5

Source : Maddison, 1991.

 

Les données anthropométriques confortent cette vision. Après une amélioration sensible de 1750 à 1820, l’industrialisation s’est traduite par un tassement de la taille des hommes adultes. A partir de 1870, avec l’amélioration du niveau de vie, la taille recommence à croître : vers 1900, avec un taille moyenne supérieure à 1,66m, « les Britanniques appartiennent au groupe des habitants de l’Europe du Nord à stature relativement élevée ».

 

A la veille du premier conflit mondial, les conditions de vie sont donc plutôt meilleures en Grande-Bretagne qu’aux Etats-Unis ou en Europe occidentale (à l’exception de la Suisse et de la Scandinavie). Les Britanniques se nourrissent mieux que les Français et sont moins sujets à l’alcoolisme (1,7l d’alcool pur par habitant et par an au lieu de 4l en France). La mortalité infantile est, en 1911, plus faible en Angleterre (100‰) et en Ecosse (120‰) qu’en France (170‰). La Grande-Bretagne bénéficie de l’un des meilleurs réseaux médicaux et hospitalier. Les pouvoirs publics, surtout depuis 1906 et la victoire des libéraux, consacrent un budget considérable et en augmentation constante à la protection sociale, équivalent, par habitant, à celui qu’y affecte l’Allemagne. De surcroît, la Grande-Bretagne apparaît comme le pays le plus scolarisé d’Europe : entre 1906 et 1910, le taux d’analphabètes n’est plus que de 1,7% pour les hommes et 2% pour les femmes, soit deux fois moins qu’en France. Enfin l’enseignement secondaire et supérieur britannique n’a pas de retard sur celui de ses concurrents :


 

Tableau 4 – Nombre d’années de scolarité de la population adulte (15-64 ans) en 1913

 

  Enseignement Primaire Secondaire Supérieur Total
Royaume-Uni 5,3 1,9 0,1 7,3
France 4,9 1,8 0,2 6,9
France 3,5 3,4 0,1 6,9
France 4,3 1,8 0,1 6,2

Source : Maddison, 1991.

 

Toutefois, si la Grande-Bretagne possède deux fois plus d’établissements secondaires que la France, les formations universitaires (143000 étudiants en 1913) demeurent organisées autour du droit de la médecine et des lettres.

 


Date: 2015-12-11; view: 1100


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