Mado la Niçoise

A- En plus on a, c’est pas ça, on a tout Paris à traverser, c’est mon fils qui conduit. Aïe aïe aïe, c’est peu dire aïe aïe aïe. C’est depuis qu’il a acheté le GPS mon fils. Il met deux fois plus de temps. Le problème c’est que mon fils, il s’entend pas avec la dame du GPS. Tu sais, il l’a acheté sur internet. Alors c’est sûr il l’a pas payé cher. En attendant l’autre elle ne lui parle que le roumain.

Enfin, par contre mon mari, la sienne de madame GPS, il peut plus s’en passer. Il la met même pour aller chez ma belle-mère. Il y va depuis qu’il est né chez ma belle-mère. Elle a jamais déménagé.

B- Il a changé, ce n’est plus le même. Tu sais, avant j’avais la carte sur les genoux. Je lui donnais des indications. On avait nos habitudes, pendant le trajet on divorçait au moins trois fois. Maintenant, il me fait taire à moi, pour l’écouter à elle. En plus pour ce qu’elle a à dire, pardon. C’est une gourde, ah oui c’est une gourde, quand tu la vois faire son intéressante. Tu sais quand tu l’entends dire : « A la fin de la route, tournez à droite ». A gauche il y a un sens interdit, en face il y a un mur. 350 euros pour écouter des couillonnades. Si c’est que moi, j’ai mis longtemps pour comprendre ce que cela voulait dire GPS ; maintenant j’ai compris : GPS : La Gourde qui Parle Seule.

Je dis cela mais c’est quand même une révolution le GPS, c’est vrai, c’est quand même la première fois que les hommes ils font confiance à une femme au volant.

Muriel Robin

A- Patricia ça fait déjà un quart d’heure que tu me parles de ce Félix. J’ai très bien compris où tu veux en venir. Je suis ta mère. Je te connais comme si je t’avais faite. Tu veux savoir si je suis d’accord pour que tu le fréquentes. Pour que tu… l’épouses?

Patricia je ne te cache pas… Excuse-moi, excuse-moi, pour l’instant je te livre les mots un petit peu comme ils arrivent.

Je le connais? Je le connais pas. Ton père le connait? Non plus. Personne ne le connait finalement. Alors là je t’avoue que je suis un petit peu surprise. C’est vrai j’ai besoin de m’habituer à cette idée. Si tu veux bien pour l’instant nous allons en rester là. J’aimerais en parler avec ton père. Voilà.

B- Un problème ? ça ne vient pas de nous j’espère ? Alors ? Quel problème ? Il est… noir. Deux secondes. Mais tu en es sûr ? Je te fais confiance. Si ça me gêne ? Alors là pas du tout ! S’il est noir c’est qu’il a de bonnes raisons de l’être ! Mais dis-moi, il est noir, noir, noir ? Ou noir, un peu blanc ? Ah noir, noir. Ah complètement noir !

Mais tu as tout à fait le droit d’épouser un nègre. Ah tu sais ! Pardon ? J’ai dit nègre ? Oh ça m’étonnerait. J’au dû faire un lapsus ! J’en parlais encore à midi avec ton père. Je lui disais il y a beaucoup trop de blancs dans la famille. Des blancs, toujours des blancs, je ne peux plus les voir. Je le dis tous les jours, vive les noirs.

Alors les parents de cet homme de couleur, ils sont noirs ? Et oui, eux aussi. Mais ils le savent… que leur fille épouse une blanche. Ils sont plutôt contents. Tu penses…

C- Oh détrompe-toi, détrompe-toi Patricia, Je cache ma joie. D’ailleurs si tu veux bien, j’aimerais aller dans la cuisine pour fêter l’événement avec ton père.

On pourrait peut-être en garder un petit peu pour demain ? Je m’assoie par terre. Je t’écoute. Il est de Boukémadoua. Ça c’est pas bien grave. Je te cache pas que j’avais un petit peur que tu m’en file un autre sur.. Tu, pardon, pars t’installer dans son village. Je vais peut-être m’allonger 5 minutes moi.

Date: 2015-12-11; view: 737