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Chevallier et Laspales

Découvrir le monde contemporain: les humoristes français

Michel Vergne (Alliance Française)

 


Anne Roumanoff

 


A- Vous êtes enseignant, je suis psychologue envoyé par le ministère de l’éducation pour vous expliquer à faire face aux petits problèmes de discipline que vous rencontrez parfois dans les ZEPZUS Zone d’Enseignants Paniqués en Zone Urbaine Sensible. Alors pour se mettre dans l’ambiance je vais vous demander de bien vouloir faire un petit chahut. Non attendez là on n’est pas en ZEP, on est à Versailles. Je vous ai demandé un vrai petit chahut de ZEP.

Deuxième type de petits problèmes que vous rencontrez, c’est ce que l’on appelle les agressions verbales : soit les élèves s’insultent entre eux, là vous n’intervenez pas, soit ils vous insultent et là ne le prenez pas personnellement. Ayez de l’humour.

L’autre règle très importante très importante en ZEP. On ne tourne jamais le dos à la classe. Donc si vous voulez rejoindre le tableau, vous pratiquez la marche arrière et vous écrivez au tableau comme ceci, sans jamais perdre les élèves du regard. Si maintenant vous souhaitez vous déplacer dans la classe, on ne traverse jamais la classe mais on se déplace en rasant les murs avec la technique du pas chassé. Je vous conseille de l’accoupler avec la technique du radar. La technique du radar, le regard qui veille en permanence de gauche à droite, de manière à voir tout ce qui va se passer. Maintenant si vous souhaitez vous asseoir sur votre siège. Si vous souhaitez vous asseoir sur votre siège, on ne s’avachit pas mollement mais on pratique de l’assis debout. Assis mais prêt à bondir à tout instant. Avant de s’asseoir vous passerez au préalable une main gantée sur le siège de manière à en retirer tout ce qui pourrait s’y trouver.

On va terminer si vous le voulez bien par la prière de l’enseignant en ZEP. Répétez après moi : Donnez-moi aujourd’hui le courage d’y aller, pas seulement pour la retraite et les congés payés. Pardonnez à tous ceux qui ne vont pas m’écouter, comme je pardonne au ministère de me laisser tomber.

B- Pendant 33 ans, j’ai travaillé dans une usine de chaussettes puis ça fait 2 ans ils nous ont délocalisés l’usine en Chine. Le patron a dit, c’est pas ma faute c’est la mondialisation, c’est plus nous qui décidons : c’est plus lui qui décidons mais c’est lui qui nous virons.

Au début j’avais pas de travail, j’étais chez moi je tournais en rond, j’ai dit à mon mari, plus personne s’intéresse à moi depuis que je suis au chômage. Il me dit : « arrête de payer les factures et tu verras ».



La dame à l’ANPE, elle me dit : « Ah madame Laminor il faut comprendre vous avez 54 ans, vous n’êtes plus toute jeune. Je lui dis, puis alors Chirac, il a travaillé jusqu’à 74 ans puis personne puis personne lui a rien dit, puis Jean Paul II, il a continué jusqu’au bout. A c’est pas pareil Mme Laminoir, eux ils sont médiatiques. Et bien moi aussi je suis médiatique, je suis passé à France 3 dans le Pas-de-Calais quand on a brûlé les chaussettes.

C- Mme Laminoir on dit pas vieux, on dit personnes âgées. Oh, j’ai dit, faut pas dire ceci, faut pas dire cela. Et moi, je suis pas au chômage peut-être, je suis en année sabbatique rémunérée par les Assedic.

C’est intéressant d’observer les personnes très très âgées parce que j’ai remarqué que bien souvent la tête que tu as quand tu es très très vieux c’est la tête de l’expression que tu as eu le plus souvent au cours de ta vie. Comprenez-vous ? Par exemple quelqu’un qui est toujours de mauvais poil, ben à la fin de sa vie il y a des chances qu’il a une tête comme ça. Quelqu’un qui n’a pas d’énergie quand il a 20 ans, a 98 ans il tiendra plus debout. Puis ceux qui se font tout le temps du souci, à la fin ils sont paralysés par l’angoisse. C’est pour ça, il faut faire très attention à la tête que vous avez actuellement.

E- Ils sont très intelligents les Chinois qui ont mis ça au point parce qu’ils fabriquent pour moins cher mais ça dure beaucoup beaucoup moins longtemps. Regardez voir les grille-pain mais avant les grille-pain ça durait au moins 20 ans maintenant au bout d’un an pile soit ta tartine elle reste à l’intérieur soit elle sort complètement cramée. C’est plus des grille-pain c’est des brûle-pain. On aurait dû se méfier de gens capables de manger du riz avec des baguettes.

Le seul secteur où la France est encore numéro 1 mondial, c’est le tourisme et c’est d’autant plus une performance que dans l’ensemble on est très désagréable avec les touristes. Tu vas dans un restaurant français même très chic. Vous aviez réservé, non ? Mais vous serez combien ? Deux !


 

Chevallier et Laspales

 


- Bonjour Monsieur

- Monsieur

- Oui, je voudrais une baguette s’il vous plaît

- Une baguette comment ?

- Ah ben, pas trop cuite.

- Oui, mais quel genre de baguette ?

- Ah oui, vous voulez dire moulée ou pas moulée, ça m’est égal.

- C’est pour manger avec quoi, votre baguette ?

- Ben, je sais pas… c’est pour tout ! C’est pour pousser ma viande, pour saucer, pour tremper mes tartines le matin dans le café au lait. Enfin une baguette normale faite avec du pain, quoi !

- Du pain normal ça n’existe pas Monsieur !

- Non mais attendez Monsieur, je ne suis pas dans une boulangerie ici ?

- Ah non Monsieur il n’y a pas de boulangerie ici. Ici, vous êtes dans un atelier du pain.

- Ah oui, et vous, vous n’êtes pas boulanger ?

- Non, je suis maître boulanger !

- Ah oui, vous avez un label comme les poulets !

- Vous êtes ici, Monsieur, chez un maître boulanger artisan de France ; fabricant agréé, farine complète. Label moulin de pays, cuisson four en bois à l’ancienne.

- Vous voulez dire, four à bois ?

- Non, four en bois comme chez les Gaulois.

- Ah et le four ne prend jamais feu ?

- Si, justement et les copeaux de cendre retombent dans la pâte avant qu’elle soit cuite.

- Et c’est pas mauvais pour la santé le bois brûlé ?

- Au contraire le charbon est bon pour la digestion et restitue le goût authentique du blé récolté avec l’âne et le bœuf.

- Ah oui et bien en effet !

- Je ne sais pas et bien donnez-moi celle-là par exemple elle a l’air pas mal là !

- La campaillette ?

- Ça m’a l’air bien celle-là !

- Pain complet blanchi à la farine de soja avec morceaux de lard et artichaut.

- Ouais, enfin le lard et l’artichaut le matin dans le café au lait…

- Celle qui est à côté, là ?

- La croustillette ?

- Oui, oui qui m’a l’air plus dorée là

- Oui, très bon choix : avoine, orge et son

- Ah, c’est pour les chevaux ?

- Particulier au goût mais très bon quand on a des problèmes de transit

- Ah oui, mais seulement là voyez-vous, je suis loin de chez moi… et si j’ai un petit creux je ne voudrais pas avoir d’ennui sur la route. Et le petit rond à côté, qu’est-ce que c’est ?

- La batardette ! Noix, olive, ail et persil

- Enfin l’ail le matin…

- Sinon j’ai la trifouillette ! qui a beaucoup de succès

- Ah oui et elle est fourrée à quoi votre trifouillette ?

- Anchois, sardine.

- Ben si je fais griller du pain dans mon appartement, ça va sentir le poisson dans tout l’immeuble !

- Pourquoi n’essaieriez-vous pas la pingolette ?

- Je ne sais pas pourquoi je n’essaierais pas la pingolette ? Qu’est-ce qu’il y a dedans du saucisson et des asperges ?

- Ah non celle-là c’est celle qui se rapproche le plus du pain d’autrefois. Elle est nature.

- Alors, donnez-moi ça ! Allons-y pour la pingolette !

- Mais la pâte est aux œufs de pingouins !

- Ah oui, et bien je me disais aussi…

- Vous n’auriez pas la ouistitette avec des poils de singe parce que j’en aurais bien pris une avec une fougasse à la bouse d’éléphant.

- S’il vous plaît, Monsieur, restez correct hein ! Nous sommes ici dans une maison sérieuse. Ici nous sommes boulangers de père en fils depuis mars 2004.

- Donc, une baguette normale à la con avec rien dedans, ça n’existe pas !

- Si, Monsieur, mais pas chez nous !

- Bon ben je vais aller au supermarché à côté m’acheter des biscottes.

- Mais j’en ai des biscottes…

- Ah oui, ah oui et à quoi ?

- Au petits pois

- Ah oui, je me disais aussi…


 

Coluche

L’étudiant

 


A-Je me souviens quand j’étais petit à la maison, le plus dur c’était la fin du mois. Surtout les 30 derniers jours.

Parce que mon père à l’époque il travaillait à mi-temps comme il disait, il travaillait 12 h par jour. Ben, il gagnait pas beaucoup à cette époque là, mais il y avait beaucoup de boulot maintenant ils gagnent mieux les ouvriers mais y a plus de boulot, maintenant.

B-Il est chômiste mon père, chômiste, c’est quand on n’a plus de travail. Alors il a écrit aux administrations : je m’excuse de vous déranger pendant la sieste. Voilà, j’ai fait comme on m’a dit, la guerre aux Allemands tout ça, que maintenant il paraît qu’on est même copain avec ; je ne les connais pas plus qu’avant, moi ; de toute façon je m’en fous ; tout ça, j’ai fait 2 enfants virgule 6. Euh bon, j’en ai eu 3. J’ai le plus grand, le moyen, j’ai même le plus petit. Voilà et j’ai plus de travail, qu’est-ce qui faut que je fasse ? Ils ont répondu : « Ecrivez-nous de quoi vous avez besoin, on vous expliquera comment vous en passer ».

Et c’est marrant, il était tout petit, c’était un mec marrant, il était philosophe : il disait tout le temps, y a qu’à manger des artichauts parce que les artichauts c’est un vrai plat de pauvres, c’est le seul plat que quand tu as fini de manger t’en as plus dans ton assiette que quand tu as commencé.

C-Il était rigolo, il picolait un petit peu mais enfin pas plus que son père. Plutôt moins quoi ; ça avait beaucoup augmenté le pinard entre temps.

Surtout il a dépensé beaucoup parce qu’il voulait que je fasse des études. Et puis les études ça coûte vachement cher. Et pourtant moi j’étais un de ceux qui étudiaient le moins. Eh ben déjà ça coûte du pognon. Moi j’étais à la faculté, j’avais comme professeur le doyen, moi, qui n’avait plus toutes ses facultés d’ailleurs. C’était marrant c’était un mec qui vendait de l’intelligence, il avait pas un échantillon sur lui.

Mon père, il disait, les technocrates, c’est des mecs que quand vous leur posez une question, une fois qu’ils ont fini de répondre, normalement vous ne comprenez plus la question que vous avez posée.


 

Desproges


Date: 2015-12-11; view: 952


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