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L’idéal de la Pléiade

L’idéal des poètes de la Pléiade se construit sur la mise au placard de ce qui les a précédés.

- Ils mettent entre parenthèses les aspects séduisants de la production antérieure (poésie médiévale, marotique...) pour prôner la nécessité de purifier et renouveler la production poétique

- La création antérieure fait figure de création anecdotique à laquelle ils opposent l’idée d’une création poétique qui trouvera sa cohésion dans une inspiration commune, son souffle dans un idéal commun.

- Tous les prédécesseurs font figure à leurs yeux de mauvais versificateurs, sinon certains : Marot, Heroët, Scève, Saint-Gelais en qui ils voient des précurseurs mus par une inspiration individuelle originale.

L’idéal de la Pléiade est synthétisé et passé tel à la postérité grâce à l’ouvrage de Du Bellay : Défense et illustration de la langue française

Ce manifeste se veut être un nouvel art poétique et s’inscrire ainsi en faux par rapport à l’Art poétique de Sébillet, paru en 1548. Idéal militant qui trouve sa raison d’être dans l’histoire : défendre la langue, lui donner ses lettres de noblesse.

Le mythe de Rome

Les italiens et après eux les français sont hantés par le mythe de la Rome rayonnante qui a ensuite connu la décadence, la décadence de sa langue qui s’incarne dans le latin médiéval, langue d’église et langue du savoir.

Du Bellay Les Regrets   Heureux qui, comme Ulysse, a fait un beau voyage, Ou comme cestuy là qui conquit la toison, Et puis est retourné, plein d’usage et raison, Vivre entre ses parents le reste de son aage !   Quand revoiray-je, helas, de mon petit village Fumer la cheminée : et en quelle saison Revoiray-je le clos de ma pauvre maison, Qui m’est une province, et beaucoup d’avantage ?   Plus me plaist le séjour qu’ont basty mes ayeux, Que des palais Romains le front audacieux : Plus que le marbre dur me plaist l’ardoise fine,   Plus mon Loyre Gaulois, que le Tybre Latin, Plus mon petit Lyré, que le mont Palatin, Et plus que l’air marin la douceur Angevine.   Du Bellay Les Antiquités de Rome   Nouveau venu, qui cherches Rome dans Rome Et rien de Rome en Rome n’apperçois, Ces vieux palais, ces vieux arcz que tu vois, Et ces vieux murs, c’est ce que Rome on nomme.   Voy quel orgueil, quelle ruine : et comme Celle qui mist le monde sous ses loix, Pour donter tout, se donta quelquefois, Et devint proye au temps, qui tout consomme.   Rome de Rome est le seul monument, Et Rome Rome a vaincu seulement. Le Tybre seul, qui vers la mer s’enfuit,   Reste de Rome. O mondaine inconstance ! Ce qui est ferme, est par le temps destruit, Et ce qui fuit, au temps fait resistance. Langue française naissante et langue latine  

 



Apparaît donc un mouvement de soutien à la langue naissante afin de la doter des ors comparables à ceux de la feu langue latine. Parallèlement aux italiens, les français en la personne de la Pléiade veulent promouvoir la langue française. Ils s’inscrivent ainsi dans la continuité d’un mouvement qui les a précédé : Jean Lemaire de Belges Concorde des deux langages (le français et le toscan) 1511, Geoffroy Tory dans le Champ fleury 1529.

En 1539 - c’est tout récent - l’édit de Villers-Cotterêts impose l’utilisation de la langue française, langue nationale, pour tous les actes administratifs. Mais dans les faits, la langue française subit la rude concurrence d’une part des langues régionales, et d’autre part des langues étrangères espagnol, italien.

- L’idéal d’une langue littéraire : il s’agit de défendre la dignité de la langue et la création littéraire

Réflexion théorique sur la rhétorique

C’est bien évidemment la redécouverte du De Oratore de Cicéron, de L’Institution oratoire de Quintilien et la profusion d’essais d’art rhétorique comme celui de Pierre Fabri (ou Le Fèvre) Le Grand et vrai art de pleine rhétorique en 1521.

La réflexion théorique sur la poésie, comme pour la rhétorique en général, s’inspire de la définition de la parole oratoire efficace. On distingue cinq parties : l’invention, l’élocution, la disposition, la mémoire, la prononciation.

Réflexion théorique sur la poétique et l’inspiration

En 1520 on découvre également en Italie l’Art poétique d’Horace, traduit en français par Peletier en 1541. Parallèlement, Marsile Ficin divulgue une pensée d’inspiration platonicienne qui permet de développer notamment la théorie de la fureur qui exalte la notion d’inspiration.

Du Bellay Les Regrets

Las où est maintenant ce mespris de Fortune ?

Où est ce cœur vainqueur de toute adversité,

Cest honneste désir de l’immortalité,

Et ceste honneste flamme au peuple non commune ?

 

Où sont ces doulx plaisirs, qu’au soir soubs la nuict brune

Les Muses me donnoient, alors qu’en liberté

Dessus le verd tapy d’un rivage esquarté

Je les menois danser aux rayons de la Lune ?

 

Maintenant la Fortune est maistresse de moy,

Et mon coeur qui souloit estre maistre de soy,

Est de serf de mille maux et regrets qui m’ennuyent.

 

De la postérité je n’ay plus de souci,

Ceste divine ardeur, je ne l’ay plus aussi,

Et les Muses de moy, comme estranges, s’enfuyent.

S’ensuit la parution du traité de Thomas Sébillet Art poétique en 1548 qui marque nettement l’évolution en cours dont l’aboutissement va être le traité de Du Bellay l’année suivante.


Date: 2015-12-11; view: 745


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